Cela fait bientôt 30 ans que tu vis dans un autre monde et pourtant tu es toujours bien présente.

Quelques fois, j’aimerais pouvoir dialoguer avec toi.

Quelques fois, je me demande comment serait ma vie si tu étais encore là. Certainement différente pour bien des choses, mais qui peut savoir ?

Ce que je sais, c’est ce qui est.

Ce que je sais, c’est que je me suis construite, que j’ai fait mes choix grâce à ou malgré ce que tu m’as transmis.

 

Alors bien sûr, j’ai des souvenirs qui ne me mettent pas le sourire aux lèvres, des moments où je t’ai trouvée dure, exigeante et peu compréhensive. Et bien sûr que je t’en ai voulu pour cela !

Et même, je me suis « vengée » quelques fois aussi, pas de manière consciente, mais je l’ai compris plus tard…

Plus tard aussi, j’ai découvert ce qui t’animait dans ces moments là : si tu mettais la barre si haut, c’est que tu voulais le meilleur pour moi. Le meilleur pour moi dépendait parfois des croyances que tu avais et dont j’ai hérité pour certaines :

  • il faut travailler dur pour gagner de l’argent.
  • être institutrice, c’est bien pour une femme.
  • tu dois être la première en tout.
  • 18/20…… tu aurais pu avoir 20/20 !
  • être sage, ne pas déranger, ne pas montrer qui tu es vraiment.
  • que vont dire les voisins ?

Le recul pour comprendre, j’ai mis quelques années à le trouver, à force de yoga, méditations, rencontres, et encore quelques autres pour me dépêtrer de ces croyances, grâce aux « outils » acquis pendant mes formations. Pas sûre d’en avoir vraiment terminé, d’ailleurs, elles reviennent me chatouiller de temps à autre, ces fidélités inconscientes !

Grâce à ce travail personnel au long cours, j’ai découvert des « pourquoi », des « comment », et j’ai pu choisir en conscience ce que je voulais garder et ce que je voulais changer.

Pourtant je reconnais que quelque part, tes croyances ont façonné qui je suis, même si j’ai « réagi » en les applicant à l’inverse. Cette façon d’oser être en me moquant bien de ce que les voisins (ou autres) en pensent, cette façon de ne pas être la première mais d’être différente, cette façon de dire ce que je pense, d’être authentique et d’avoir une préférence pour les gens qui sont ce qu’ils disent. J’arrive maintenant à être fière de moi, si, si, même si je sais que j’aurais pu faire mieux, peut-être, sans doute…

Ce que j’ai conscience, maintenant, d’avoir gardé, à force de te voir faire

  • c’est toute la bienveillance dont tu faisais preuve avec les personnes autour de toi.
  • c’est l’humanité que tu accordais d’emblée à qui croisait ton chemin, à qui avait besoin de toi et ce, peu importe sa « valeur » reconnue ou pas.
  • c’est l’écoute attentive que tu offrais à chaque interlocuteur, que celui-ci te parle de choses essentielles ou qu’il te raconte des blagues même pas drôles.
  • c’est la curiosité que tu avais pour ……tout.

Alors, ce jour de fête des mères, j’ai envie de te dire merci pour tout ça, tout ce qui fait que je suis moi.

Je suis heureuse de t’avoir eue pour Maman, j’espère pouvoir dire comme toi, quand tu es partie, « je suis contente, j’ai eu une belle vie. » et j’espère que mes enfants sauront aussi faire la part des choses dans ce que je leur aurai transmis, consciemment ou non.